Par Lou-Marco Crepelle & Nathan Beltron
L’Assemblée Nationale examine actuellement le projet de loi de financement de la Sécurité Sociale et de la Santé. Un moment crucial pour le personnel soignant qui manque déjà d’effectif et de ressources, alors que le gouvernement prévoit cinq milliards d’euros d’économie.

Après le secteur de l’éducation, celui de la santé risque de faire les frais de la situation économique tendue en France. Parmi les nombreuses branches du budget 2025, l’exécutif a pour objectif a pour objectif d’économiser cinq milliards d’euros dans la branche maladie. Une économie qui se traduira par une réduction des dépenses liées aux médicaments, aux laboratoires d’analyse et aux arrêts maladies, mais aussi par une intensification de la lutte contre la fraude.
Une mesure concrète pour faire des économies est la diminution de la prise en charge de l’assurance maladie. Une disposition en ce moment étudiée par le gouvernement. Par exemple, une consultation chez le médecin est actuellement remboursée à hauteur de 70% du prix total par l’assurance maladie, le reste par la mutuelle (si on en a une). Avec ce projet de loi, l’assurance maladie ne rembourserait plus que 60% du prix total, ce qui risque de faire grimper le tarif des mutuelles, puisqu’elles devront rembourser 40% du prix total et non 30%. L’État fait des économies, mais pas le privé ni les consommateurs.
Des mesures d’économie dans une situation réelle déjà tendue
D’autres mesures à l’étude auront des impacts plus directs sur les établissements de santé. De quoi inquiéter le personnel soignant déjà en sous-effectif et en manque de ressources. C’est en tout cas l’avis que partage Marie*, infirmière en service hospitalier depuis 25 ans, qui a vu la situation se dégrader : « Beaucoup de services ferment déjà par manque de personnel. Si on ajoute à cela le vieillissement de la population des soignés et des soignants – dû en partie au Numerus Clausus de 1971 – le manque de considération, et maintenant les économies à faire, c’est la fin du système de santé français, qui est pourtant une grande fierté. »
« Il faut une prise de conscience sociétale de la nécessité que chacun fasse pour la société, et non d’attendre que la société fasse pour chacun. Comme pour le climat, on n’est plus dans l’urgent mais dans le palliatif. »
Il est toutefois encore permis d’espérer une amélioration, avec l’arrivée de personnel soignant d’une nouvelle génération qui a grandit avec ces enjeux : « On va faire comme on a toujours fait, se relever les manches et espérer avoir bien éduquer nos enfants. La nouvelle génération fait preuve d’une créativité capable d’inverser l’évolution, ce qu’on avait pas su faire jusqu’à maintenant.
Article rédigé pour What’s Going On #3