DJ Mehdi, le génie entre rap et électro : conversation avec Chaze sur son influence mondiale

Par Lou-Marco Crepelle & Nina-Lou Jacquet

S’il n’est pas explicitement cité dans les crédits des chansons qui sortent de nos jours, DJ Mehdi y a néanmoins laissé une trace. C’est sa débrouillardise, son talent et sa passion qui le font passer de musicien amateur à véritable génie du rap et de l’électro. En constante réinvention, il collabore notamment avec 113 et la Mafia K’1Fry pour le rap, et avec les Daft Punk et Justice pour l’électro. Avant la création du label Ed Banger, aujourd’hui internationalement reconnu, il créé son propre label « Espionnage ». Le nom et le logo, DJ Mehdi les doit à Chaze, graffeur hors pair et musicien d’électro. La rédaction a eu la chance de revenir avec lui sur cette période sacrée de la musique française.

Affiche promotionnelle du documentaire DJ Mehdi : Made In France. Crédits : Arte

Pouvez-vous vous présenter et nous parler de votre rapport à la musique ?

J’ai découvert le graffiti à Paris à la fin des années 80. À cette époque, le rap était étroitement lié à la culture graffiti, c’était la bande-son de cette scène. Par la suite, en 1997, j’ai commencé à travailler chez «Chronowax», un distributeur de vinyles. C’est là que j’ai rencontré Mehdi, puisque nous distribuions les disques de son label, Espionnage. C’est également à ce moment-là que je me suis intéressé à la production musicale et que j’ai commencé à produire mes premiers morceaux. Depuis, la musique fait partie intégrante de ma vie, et j’en produis encore aujourd’hui.

Vous avez travaillé avec DJ Mehdi, notamment sur la création du logo de son label, Espionnage. Quel était votre lien avec lui, et pourquoi était-il important pour vous de réaliser ce logo ?

En fait, c’est moi qui lui ai proposé de nommer son label «Espionnage», et c’est tout naturellement que j’ai conçu le logo ensuite. Nous étions assez proches, mais pas vraiment des amis intimes. J’ai dû passer chez lui deux ou trois fois, mais rien de plus.

Comment avez-vous perçu la transition de DJ Mehdi vers l’électro, sachant que vous êtes un fervent défenseur du rap ?

Je pense que c’était une excellente chose, à la fois pour la musique en général et pour le rap français, qui avait besoin de s’ouvrir davantage. A cette époque, beaucoup de rappeurs français se basaient sur ce que faisait les rappeurs mainstreams américains, je pense qu’il leur a apporté un certain « grain de folie ».

DJ Mehdi a beaucoup évolué vers l’électro, comme on le voit sur des morceaux tels que «Ouais Gros» de 113 ou «Naja» sur Espion Le EP. Ses voyages, notamment à New York, ont-ils contribué à enrichir la scène électro française ? Cette ouverture a-t-elle aussi aidé l’électro à s’imprégner du rap ?

Il a clairement apporté sa propre touche en tant que producteur de rap. Le mélange des deux genres, rap et électro, créait une sonorité vraiment unique, même si aux États-Unis, ces fusions existaient déjà depuis longtemps. Cependant, il a su y ajouter la « French touch » électro.

Dans le documentaire, plusieurs artistes évoquent l’héritage de DJ Mehdi après sa disparition. Selon vous, en quoi son influence impacte-t-elle encore aujourd’hui les artistes à l’échelle internationale ?

Je pense que ce documentaire va vraiment aider à faire connaître DJ Mehdi à l’international. Malheureusement, il n’a pas eu le temps de laisser une empreinte aussi forte qu’il aurait pu au-delà des frontières françaises.

Dans les séquences où l’on voit des images de ses concerts à l’étranger, on sent un engouement incroyable pour ses performances. Qu’est-ce qui, selon vous, dans sa musique, plaisait tant à des publics de pays différents ?

Mehdi était un excellent DJ. Il avait un feeling naturel avec la musique et savait instinctivement comment faire vibrer les foules.

En tant qu’artiste, la manière dont DJ Mehdi concevait et produisait la musique vous a-t-elle influencé dans votre propre travail ?

Il fait partie de ceux qui m’ont donné envie de produire de la musique. C’est probablement l’influence la plus forte qu’il a eue sur moi.

Interview réalisée pour What’s Going On #1

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